lundi 24 décembre 2007

ATTAC et la mondialisation

ATTAC et la Mondialisation:
Les militants d'ATTAC sont-ils antimondialistes?
A entendre la plus grande partie de la presse écrite ou sonore, lors de sa restitution des diverses manifestations auxquelles nous participons, on pourrait le penser. Mais ne s'agit-il pas là d'une nouvelle "intox", qu'il nous faut aussi débusquer! La vérité n'est-elle pas plutôt que nous voulons une autre mondialisation? J'essayerai ce soir de vous le démontrer!

D'abord qu'est-ce que la mondialisation, aujourd'hui?
La "mondialisation" décrit une réalité essentielle de la vie commune des peuples d'aujourd'hui: l'économie, qui en est le principe directeur, provoque la généralisation des échanges sans tenir compte des appartenances nationales et des frontières, ainsi que l'interpénétration des intérêts et l'interdépendance des politiques. La mondialisation est un fait; mais c'est aussi une réalité portée au rang de valeur, en ce sens qu'elle est orientée, depuis la chute du mur de Berlin, par une seule tendance économico-politique au niveau mondial, représentée et quasiment dirigée (ou manipulée) par une super-puissance, les Etats-Unis! Du fait de cette direction par cette super-puissance, le néo-libéralisme économique transcende toute les réalités humaines contemporaines! Certains appellent ce 2° volet de la mondialisation la globalisation; celle-ci consiste à présenter la mondialisation néo-libérale comme sans alternative économico-politique; c'est en ce sens que la mondialisation néo-libérale devient une valeur et même quasiment la seule valeur qui transcende tout!

Examinons donc ces différentes dimensions de la mondialisation:
Il n'est pas question de remettre en cause la mondialisation: c'est aujourd'hui, comme fait, une réalité incontournable; les langues sont de plus en plus dominées par une seule langue à statut universel: l'anglais… Les communications: l'internet et l'image satellite permettent que l'on sache tout de tout presque instantanément .. L'argent, même virtuel, circule instantanément par électronique et permet ainsi d'acheter, de vendre, de spéculer et d'exploiter au rythme des mouvements économiques d'aujourd'hui, qui se rapprochent de l'instant... Le marché est universel: tout devient marchandise (y compris les brevets sur le vivant …) et tout pénètre dans toute région du globe... Nous sommes témoins et parfois acteurs de cette réalité, ne serait-ce que lorsque nous achetons ou vendons une SICAV, qui aura peut-être ensuite une destinée mondiale !
- Mais, au delà de ces faits, la mondialisation est portée par une pratique et même une idéologie: ainsi, le marché est considéré comme la valeur qui transcende tout … Examinons en effet quelques faits: Au sommet mondial de l'OMC à Doha en novembre 2001, peu après qu'un procès célèbre à Prétoria avait permis de rallier l'opinion mondiale à cette cause contre la volonté des grands groupes pharmaceutiques, une seule concession avait été faite à l'humanitaire: la possibilité pour quelques pays émergents (Brésil et Inde essentiellement) de fabriquer des médicaments génériques et de les commercialiser aux pays dépendants du sud qui doivent affronter les pandémies du sida et du palu! Ces pays en faisaient une condition pour se lancer dans un nouveau round de négociations! Par ailleurs, le 11 septembre, encore tout récent, faisait craindre aux EU d'Amérique, une attaque terroriste par l'anthrax; dès lors, les médicaments génériques leur auraient permis des vaccinations de leur population à moindre coût! Or, tout récemment, pressés par les lobbies pharmaceutiques, ces mêmes EU d'Amérique ont remis en cause cet accord! De nouveau, les pays du sud devront donc payer le prix fort pour leurs médicaments! Le mobile de cette attitude est toujours fondé sur un seul critère: ne pas entraver la liberté du commerce! Ce principe est l'un des dogmes de l'OMC, qui n'admet aucune dérogation, ni humanitaire ni environnementale! Et ce dogme s'appuie lui-même sur l'idée que, plus le commerce prospère plus la croissance s'amplifie, ce qui est vrai sur le plan global (il y a de plus en plus d'argent) mais faux quand l'on inventorie la manière dont les bénéfices sont répartis, puisque les pays pauvres et les pauvres des pays riches sont de plus en plus pauvres! L'on estime en effet que les PIB des pays en voie de développement, qui représentent 80% de la population mondiale, correspondaient à 29% de la richesse mondiale en 80; et que ces mêmes pays ne disposent plus que de 21% de cette même richesse en 2001! Et en 80, les plus pauvres touchaient un revenu moyen correspondant à 1/22° d'un revenu d'habitant des pays favorisé; il n'est plus que d'1/86°!
Alors, essayons de comprendre les mécanismes et l'idéologie qui les sous-tend!

Les mécanismes d'abord: Ce sont ceux de l'économie qui domine le monde et la politique! Interrogeons nous: "Qu'est-ce que la mondialisation a changé dans le Monde sur le plan économico-politique? "
D'après l'économiste Robert Boyer, la mondialisation, c'est:
- 1 un échange d'investissements sans frontières …
- 2 une globalisation de la production en recherchant les meilleurs opportunités géographiques sur des sites de production répartis sur l'ensemble de la planète. La seule question que l'investisseur, qui préside aux destinées d'une STN aujourd'hui, est donc celle-ci: "A quel endroit du Monde la réalisation de ce produit coûtera le moins cher, afin d'être commercialisé le plus facilement?"
- 3 la composante essentielle de ce capitalisme nouveau est financière (="néo-libéral"): les marchés de capitaux sont unifiés à l'échelle mondiale, à partir d'une appréciation "risques/rendements", qui vaut pour toute la planète!
- 4 face à cette véritable stratégie capitalistique mondiale, les Etats-Nations perdent progressivement de leur influence face au pouvoir financier capable de les déstabiliser, monétairement par exemple!
En prenant en compte ces 4 dimensions, quel est donc l'état d'avancement de la mondialisation aujourd'hui? Distinguons 3 niveaux:
- les échanges commerciaux (a)
- les flux financiers (b)
- les flux d'investissements ©
(a) Echanges commerciaux: Peu d'évolution: entre 1980 et 2000, le montant des exportations comparés aux produits intérieurs brut (PIB) n'a que très peu évolué: elles sont passées de 20% à 23%
(b) Par contre, les flux financiers ont connu une énorme évolution; en effet, les flux monétaires ont été multiplié 50 fois en 15 ans. Ceci passe par des marchés d'échanges boursiers et ceci n'est pas lié aux besoins du commerce et de l'industrie. C'est le critère de la recherche du meilleur profit qui régit essentiellement ces mouvements financiers; et la spéculation - sur les monnaies comme sur les actions - est très fortement représentée dans cette augmentation significative des flux financiers! Ce sont les échanges en devises qui ont été les plus multipliés!
(c) Les investissements s'effectuent de plus en plus à l'étranger . Les multinationales, qui sont implantées partout dans le Monde, diversifient l'implantation de leurs sites industriels. Quand l'on examine le stock des usines dans le Monde, l'on constate l'évolution suivante: en 80, 5% des usines implantées dans un pays donné étaient détenues par des capitaux étrangers à ce même pays! En 2001, 11% sont détenus par des capitaux provenant de l'ensemble des pays de la planète!

Conséquences de ces orientations et dispositifs économiques:
• La Mondialisation ne profite que très peu aux pays du sud, contrairement à l'objectif affiché par les néo-libéraux: amener au bien être pour tous, grâce à la croissance! En fait, ces pays ne bénéficient d'aucun rattrapage économique!
• L'on assiste aujourd'hui à une internationalisme croissant des échanges! D'après l'économiste Ricardo, l'un des fondements de l'économie était fondé sur la théorie des avantages comparatifs, stipulant que "chaque pays devait se spécialiser dans le secteur de production dans lequel il était le plus efficace"! (la houille ici, le pétrole là …) Or, du fait de l'internationalisation croissante des échanges, il n'y a plus aujourd'hui de domaines de références! Les capitaux propriétaires d'entreprises sont partout et parfois les mêmes! Partout, l'on utilise les mêmes technologies et on les maîtrise de la même manière! En dehors de quelques exceptions, il n'y a donc plus d'avantages comparatifs! Tout s'échange: les fers à repasser comme les services de comptabilité … Et ceci en fonction d'une seule motivation: offrir à chaque multinationale un marché, dont l'horizon est mondial; ce qui est intéressant pour une STN (société transnationale), c'est de s'organiser tant du point de vue de la production que de la commercialisation, en tablant sur un marché mondial! (ex: un marché de portables, c'est un marché potentiel de 6 milliards de consommateurs!) Il s'agit, avant tout, de faire des économies d'échelle et, ainsi, de pouvoir produire à moindre coût des produits pour l'ensemble de la planète! Et cette perspective ne relève pas de choix techniques mais financiers!
• Néanmoins, introduisons un bémol à l'intérêt collectif de cette mondialisation, à la sauce néo-libérale: le capitalisme est, lui-même confronté en son sein à des intérêts contradictoires, selon qu'il est pratiqué par des sociétés transnationales (STN) ou par des PMI ou PME à fort ancrage local: dans le premier cas, la politique salariale consiste à rechercher la localisation de production, où les coûts salariaux seront les moins élevés, la commercialisation des produits étant ensuite organisée à l'échelle mondiale et sans lien nécessaire avec les salariés des sites industriels producteurs. Dans le second cas, les patrons d'entreprises seront beaucoup plus sensibles à l'intérêt de salaires qui permettent l'achat local ou national de leurs produits; d'où une demande régionale ou nationale plus insistante de régulation des pouvoirs d'achat par les pouvoirs publics!
Toujours est-il que, dans ce contexte économique général, les politiques d'austérité font surtout le jeu du capitalisme à dimension mondiale!

Alors, posons-nous une question: ces faits proviennent-ils de l'ordre naturel des choses? Ou ne sont-ils pas plutôt le résultat d'une idéologie qui s'est construite et qui s'entretient!

Mon hypothèse relève bien sûr de la 2° partie de cette alternative et mon propos va vous l'établir!
En effet, la mondialisation d'aujourd'hui résulte de mécanismes connus et d'une idéologie qui les justifie!
Elle provient d'abord d'un capitalisme repensé, relativement nouveau puisqu'il fut reconfiguré théoriquement après la 2° guerre mondiale par des universitaires eux mêmes militants d'un capitalisme rénové, je veux parler des économistes Friedrich Von Hayek et Milton Friedman de l'Université de Chicago! Depuis la crise de 1929, le capitalisme était dominé par une tendance forte, qui résultait de l'application des idées de Keynes, dont l'idée était qu'il fallait éviter un excès de production monétaire qui aurait conduit à l'inflation et au chômage! Les Etats étaient alors keynésiens, c'est à dire qu'ils prélevaient une part des richesses produites pour financer massivement des grands travaux bénéficiant à tous! Et cette tendance fut encore renforcée dans l'immédiat après guerre du fait de la nécessité de reconstruire les infrastructures économiques des pays (30 "glorieuses")! Par ailleurs, à cette époque, le monde était économiquement bipolaire et cette réalité, qui entretenait le climat de la guerre froide, obligeait les représentants du capital à un certain nombre de concessions! Tout ceci explique que le taux d'accumulation s'était fortement déplacé en faveur de la rémunération du travail et au détriment du capital! Alors, pour les représentants du capital, cela ne pouvait plus durer! C'est sur ce terreau protestataire qu'ont fleuri les idées de l'Ecole de Chicago!

Quelles sont ces idées?

En établissant de nouvelles règles, les économistes libéraux de l'Université de Chicago voulaient établir les dogmes d'une économie libérale d'un nouveau type (c'est pourquoi on l'appelle "néo-libéralisme"), favorables au développement des intérêts privés. Ces nouvelles règles sont les suivantes: 1 croissance économique maximale par le biais de marchés libérés de contrôles et de contraintes (suppression ou diminution des droits de douane); 2 libre-échange tendant vers l'absolu (que le GATT puis l'OMC se sont chargés de promouvoir; ORD + NPF (traiter de manière identique les produits et entreprises des autres états membres: aide au cinéma africain et à Hollywood) + accès au marché et au traitement national (mettre sur un pied d'égalité les produits des autres états-membres avec les produits des entreprises nationales ); 3 liberté des mouvements de capitaux et de l'investissement; 4 déréglementation et réduction du rôle de l'Etat; 5 privatisation totale des services publics (sauf défense et police); 6 maîtrise stricte de l'inflation (qui rogne les profits) par l'établissement et le maintien de taux d'intérêts élevés!
Et cette nouvelle théorie économique n'est pas restée sans application. Expérimentée par Margaret Thatcher de 79 à 94, et par Ronald Reagan de 80 à 88, elle a, par exemple, conduit la Grande Bretagne, pendant près de 15 ans, à une véritable révolution sociale: baisse des impôts pour les riches et augmentation des impôts pour les pauvres, privatisations massives et, par là-même, combat et laminage des syndicats: l'emploi public est passé de 7 millions de fonctionnaires à 5 millions (soit - 29%), réduction globale du nombre d'emplois d'1,7 millions, soit - 7%, ce qui permettait d'atteindre un seuil de chômage structurel défavorable à la syndicalisation, libéralisation des mouvements de capitaux, augmentation des taux d'intérêts … Ce sont ce type d'expériences, les institutions-relais, qui en ont résulté - comme l'OMC, le FMI, la banque mondiale, le G8 - ou les pays supports de ces expériences - avec en tête les EU d'Amérique -, qui ont étendu au Monde entier cette nouvelle économie capitaliste et la syntaxe économico-politique unique (pensée unique), qui en a résulté! En utilisant tous les leviers de la puissance financière capables, par la spéculation sur les monnaies par exemple, de déstabiliser des pays réticents à appliquer les dogmes néo-libéraux! Ou en jouant des plans d'ajustement structuraux, qui conditionnent l'attribution de prêts par le FMI, en sachant que ces plans ne sont que la transposition des idées économiques de l'Ecole de Chicago, ou enfin en contraignant financièrement des pays tentés par des politiques sociales considérées comme aventureuses à appliquer des plans de rigueur - c'est l'expérience que la France connut en 82-83!
Il suffit aujourd'hui d'évoquer en quoi consiste un PAS pour comprendre l'identité de logique des politiques néo-libérales, qui dominent le monde, directement ou indirectement. Théoriquement conçus pour réduire le train de vie des Etats endettés afin de leur permettre d'augmenter leurs ressources et de rembourser leurs dettes, ces plans sont caractérisés par les mesures et effets suivants: réduire les dépenses de l'Etat. Ceci se traduit par une réduction des services de caractère social: la prise en charge sociale des politiques de santé et d'éducation sont réduites; dans certains cas, ces services deviennent même difficilement accessibles, surtout aux plus démunis! Quant aux budgets de protection de l'environnement, ils sont fortement réduits, voire supprimés! privatiser les entreprises publiques, afin d'améliorer la compétitivité des services qu'elles représentent et de réduire le déficit public! La concurrence étant introduite, certains services -de santé - ne sont plus accessibles aux plus pauvres. La suppression de certains emplois publics provoque aussi du chômage! dévaluer la monnaie afin d'augmenter les exportations - notamment des matières premières - en les rendant moins chères et, ainsi, accroître les réserves du pays en devises. Or, tous les pays en difficulté se voyant appliquer les mêmes remèdes en même temps du seul fait que les origines de la crise sont identiques pour tous, ce type de mesure fait, au contraire, chuter les cours de ces produits puisqu'ils arrivent massivement sur le marché. Dans ce contexte, la transformation des anciennes cultures vivrières en cultures de plus en plus intensives a pour objet une surexploitation des ressources naturelles en vue de leur exportation! Or - règles de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) obligent - ces produits arrivent sur un marché, qui tend à diminuer les prix pour accroître la concurrence; dans ce contexte, les produits de ces pays sont alors ou invendables ou d'un coût inférieurs à leurs coûts de production! Et parallèlement, compte tenu des échanges de produits dans le cadre des conventions commerciales mondiales à établir, les importations de biens manufacturés, même élémentaires, alourdissent le déséquilibre de la balance commerciale! Cet équilibre devient, de ces seuls faits, problématique et souvent déficitaire! Aussi, au lieu de diminuer la Dette, ces échanges commerciaux internationaux provoquent l'amorce de nouvelles dettes! élever les taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation (laquelle rogne les profits financiers et rend plus difficiles les hausses de salaires, qui relanceraient la consommation et donc les productions); ceci entraîne un crédit plus cher, qui rend l'investissement pour entreprendre plus coûteux et plus risqué; l'on assiste alors à des faillites de petits entrepreneurs et d'exploitants agricoles …enfin, supprimer le contrôle des prix pour améliorer l'efficacité de la production alimentaire; ceci a pour conséquence d'augmenter le prix des denrées alimentaires de base … et de provoquer ou d'entretenir des famines!
Et les "politiques de rigueur" des pays développés sont, à leur manière, une forme d'application atténuée des PAS et des recettes néo-libérales; elles se caractérisent toutes par les mêmes dispositifs: réduction des budgets publics et sociaux, contrôle des prix, maîtrise drastique de l'inflation - même quand celle-ci pourrait permettre une relance de la consommation - enfin, dans certains cas, dévaluation!
PAS comme politiques de rigueur sont les 2 volets d'un même ensemble dogmatique "mondial" et néo-libéral! Ils participent de la globalisation!

Ajoutons à ces faits économiques quelques événement politiques, qui n'ont fait que renforcer le dispositif ici décrit: la dénonciation par Nixon des accords de Breeden Woods qui, en interdisant la conversion des dollars en or, mettait fin à l'or comme monnaie de référence et ouvrait le champ aux changes flottants, qui allaient conduire, dès 75n à la spéculation sur les monnaies! La chute du mur de Berlin, qui détruisait l'un des termes de l'alternative économique et nous plaçait dans la situation de la pensée unique néo-libérale; enfin, la 1° crise du pétrole de la décennie 70, qui amenait les Etats, par souci d'économie et prudence, à abandonner les politiques keynésiennes réputées trop coûteuses. Ces faits n'ont fait que renforcer les lignes de force du nouveau capitalisme néo-libéral!

Les mécanismes économique néo-libéraux sont bien sûr soutenus par une idéologie qui les justifie! Elle apparaît dans les orientations et les actes des politiques néo-libéraux d'aujourd'hui!


A leurs yeux, la mondialisation, que nous connaissons, est éminemment positive! Ecoutons Colin Powell: " (…) Le communisme n'est plus. Le fascisme a disparu. Il existe d'autres systèmes à l'essai en ce moment, mais le seul vraiment performant, c'est la démocratie. La démocratie vous place au cœur du régime mondialisé du commerce, du développement économique et de la liberté économique, qui produit les richesses nécessaires pour élever tous les peuples."
Dans cet interview de Colin Powell, au lieu de nous parler de mondialisation, il est question de démocratie: ces 2 termes seraient-ils synonymes? Ils le sont dès lors que l'on se réfère au philosophe américain contemporain Francis Fukuyama, obscur conseiller au département d'Etat des Etats Unis d'Amérique en 89, qui présente la société de marché comme "la fin de l'Histoire et le dernier homme", titre de la thèse qu'il défend. La "fin de l'histoire", expression qui figure chez Hegel et Marx, appelle chez Fukuyama ces références antérieures en soutien à son idée mais pour les contredire essentiellement: la fin de l'histoire, ce n'est pas ce qui résulte de la victoire des classes laborieuses sur les représentants du capital, mais bien l'établissement, après la chute du mur de Berlin, d'une société accomplie ayant 2 fondements: "le marché" au sens libéral économique du terme (Ecole de Chicago; cf plus loin) et "la démocratie" au sens libéral politique du terme (cf J.Rawls (Théorie de la justice; Justice et démocratie), lorsqu'il présente la liberté et l'égalité, qui triomphent théoriquement comme valeurs universelles à travers les démocraties occidentales: "dans ces démocraties, dit Fukuyama, toutes les grandes contradictions sont résolues; il n'y a plus vraiment besoin de généraux et d'hommes d'Etat; par contre, ce qui demeure, c'est essentiellement l'activité économique"; et, pour Fukuyama, l'égalitarisme des EU d'Amérique, cad la possibilité théorique pour tout individu de devenir président des EU, représente au fond, dans ce contexte, la réalisation de la société sans classes envisagée par Marx, même si la contradiction capital/travail n'est, de fait, pas résolue!

Et cette idéologie de ma mondialisation s'appuie sur des institutions, essentiellement économiques et financières (FMI? GATT puis OMC; banque mondiale, G8) au détriment d'institutions politiques (l'ONU):

A partir de ces données reprise et imposées par les EU d'Amérique, la mondialisation d'aujourd'hui définit les relations entre les peuples à partir de références strictement économiques et financières; et ces relations peuvent devenir guerrières, à travers de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui la stratégie de la "guerre sans limites", si les dogmes néo-libéraux et l'impérialisme qui en résulte est lui même menacé! Cette mondialisation là est devenue l'élément majeur de la politique de la super-puissance qui dirige le monde, les EU d'Amérique!

Voilà ce qu'est la mondialisation aujourd'hui comme fait mais aussi comme valeur!


Comprendre l'action d'Attac:

Alors, si nous voulons comprendre l'action et les orientations d'ATTAC, c'est de ces faits qu'il nous faut partir: nous contestons bien sûr que l'économique et cet économique-là puisse définir et limiter strictement les orientations de la politique mondiale!

Un bref historique:

• 1995 Evénements français liés aux orientations de la loi Juppé
• Novembre 95: dans le Monde diplomatique: les maîtres du Monde.
• 1997: dénonciation de l'AMI
• 3 juin 98: 49 personnalités physiques ou morales créent l'ONG ATTAC! Explication du sigle ATTAC (insister sur "aide aux citoyens")
• Le premier thème: la taxe Tobin.

Depuis, la déclinaison de nos actions s'est étendue et porte sur tous les thèmes liés à la vie citoyenne quand elle est menacée par des décisions qui leur échappent et qui sont strictement liées à un économique sans correction humaine ou environnementale:
• spéculation financière et paradis fiscaux (cette spéculation porte sur des sommes très importantes: sur 1800 milliards de dollars échangés quotidiennement de banques centrales à banques centrales, 80% sont spéculatifs! Parmi ces actifs financiers, une bonne partie est représentée par des fonds de pension!
• Ces fonds de pension ne servent pas seulement à alimenter des versements de retraite; ils servent surtout aux multinationales à acheter des filiales, à faire pression sur les entreprises qu'ils contrôlent pour obtenir des rendements boursiers au delà de leurs capacités de production! Même avec une rentabilité de 7 à 8 % dans tel ou tel site d'entreprise transnationale, il est procédé à des licenciements puis à des restructurations (Sollac-Biache et Arcélor; Wilvorde) ou à des délocalisations (Whirpool à Amiens ..) Bien évidemment, dans pareil contexte, la possibilité d'augmenter le nombre de retraites complémentaires par capitalisation est une aubaine pour accroître la puissance des fonds de pension dans les opérations financières, qui permettront de mieux contrôler des secteurs d'activité! …
• J'ai aussi parlé de la Dette et des PAS. Je préciserai simplement que cette dette a été, dans la période succédant à la décolonisation, encouragée pour écouler vers les pays du sud en cours de développement des capitaux leur permettant d'investir ou d'acheter des biens d'équipement ou de consommation produits par les pays du Nord! Puis, avec l'arrivée de régimes néo-libéraux au pouvoir comme ceux de Thatcher ou Reagan, les taux d'intérêt ayant été relevés, la Dette a explosé et le cycle infernal s'est amorcé: dette - remboursement impossible - nouvelles dettes pour rembourser l'emprunt précédent, avec, en parallèle, suppression de services publics et PAS, qui appauvrissaient encore plus ces pays. Souvent, tout ceci se déroulait (ou se déroule) dans des régimes dictatoriaux parfois mis en place ou protégés par les pays du Nord créditeurs; prévarications et détournements vers des paradis fiscaux qui privaient les pays débiteurs du bénéfice d'une partie des prêts, et ces pays s'appauvrissaient (cf l'Argentine). Aujourd'hui, bien des pays débiteurs, qui ont déjà payé 3 à 4 fois leur capital de départ, ont encore à le payer 4 fois! Ils sont insolvables et mêmes des actions collectives comme la demande d'effacement de la dette publique sollicitée en juin 2000 par 24 millions de signatures lors du Jubilé 2000 à l'occasion du sommet du G8 à Okinawa, n'ont obtenu aucun résultat!
• Depuis le sommet de l'OMC de Doha au Qatar, en novembre 2001, une question a pris une importance particulière, c'est celle de l'Accord Général sur le Commerce des Services! A Doha a, en effet, été contractualisé un accord préconisant que tous les pays pouvaient offrir ou demander que soit ouvert à la concurrence des services précis, des opérateurs d'autres pays pouvant intervenir dans ce commerce en échange d'ouverture d'autres services! Ces services sont très divers; ils peuvent concerner des marchés publics sur des installations d'adduction d'eau ou d'égouts, ou des licences culturelles pour des industries cinématographiques, ou des services d'énergie (EDF-GDF) par exemple … aujourd'hui, ces échanges d'offres et de demandes sont en cours de réalisation, dans la plus grande discrétion d'ailleurs! Et, au niveau européen, ceci se prolonge par des ouvertures de capitaux pour des services publics marchands, tels que transports aériens, EDF-GDF, la Poste, le fret à la SNCF, par exemple … D'où les prochaines manifestations de Bruxelles le 9 février (cars).
• D'autres sujets pourraient servir d'illustration pour montrer qu'à la faveur des règles établies par l'OMC et son tribunal, l'organe des différends, l'ordre néo-libéral étend son emprise mondiale à tous les secteurs de l'activité humaine; je n'en citerai que quelques-uns: les OGM, avant-garde d'un combat pour la marchandisation du vivant à travers le monopole en cours de constitution du commerce des semences ou de la définition de brevets sur des banques d'organes ou sur des procédés pharmaceutiques fondés sur l'utilisation de procédés traditionnels de soins déjà employés dans des pays en cours de développement ; les politiques agricoles, déterminantes pour les pays du sud et de l'Est sont aussi au cœur de la réflexion d'ATTAC, au sens où nous invitons les militants d'ATTAC à réfléchir aux conséquences des aides d'Etat aux agriculteurs sur les modes de production qu'ils encouragent, sur leurs incidences commerciales internationales et sur les atteintes à l'environnement qu'en bout de chaîne ils encouragent!
• je pourrais aussi poser la question de la main-mise de capitaux sur des groupes de presse pour en faire un journalisme de marché, qui peut, dès lors, orienter ou contrôler l'information et, à cet égard, l'on peut compter, en France, le nombre réduit de journaux qui ne sont pas sous l'emprise d'une groupe financier, qui tend à se mondialiser - ex hersant; dassault; lagardère ..etc! -
• L'on peut aussi militer à ATTAC pour les incidences du néo-libéralisme sur les modes de sous-développement qu'ils provoquent et sur les atteintes à la survie de la planète ("développement soutenable")
• Enfin, je voudrais évoquer le dernier avatar d'une forme de mondialisation, celle de l'exploitation de l'insécurité par la stratégie de la "guerre sans limites", et nous ne pouvons constater qu'après le 11 septembre, cette stratégie ne prend que plus de valeur! Ce qui est ici pressenti par des chercheurs qui s'intéressent aux stratégies militaires, c'est que les EU d'Amérique ont compris que, pour leur permettre de dominer le monde, il convenait de faire marcher d'un même pas économie et stratégie militaire; à la différence du passé, l'économie fonctionne de plus en plus dans le temps court; le temps électronique, qui permet de réussir des prises de contrôles ou des opérations spéculatives, correspond à un temps court; la guerre aujourd'hui, qui est très professionnalisée et réclame moins d'hommes, peut se calquer, au gré des besoins, sur ce temps court de l'économie et permettre des interventions rapides sur des conflits successifs mais restreints dans leur ampleur géographique; il convient donc, pour les tenants de l'ordre néo-libéral, de construire une autre vision du monde sans ennemis auto-désignés ni conflits frontaux durables; au contraire, il convient de préparer le monde à une pénétration économique et culturelle venant de tous azimuths, les occasions de conflits n'étant plus liés à des causes nationales mais à des motifs intra-étatiques, de types tribal, religieux, identitaire, culturel, qui n'en finissent pas de pourrir une situation, de sorte que les guerres deviennent sans buts et sans fin et que, dans pareil climat, la possibilité d'une fin de guerre et donc d'une possible paix devienne fortement improbable! Alors, dans ce climat d'incertitude et d'insécurité permanente, l'attention est détournée de l'essentiel, pour réaliser une déculturation et une autre acculturation des populations, grâce à l'action médiatique et publicitaire, qui permet au commercial de pénétrer dans les esprits comme par effraction … pour à y introduire ses marchandises et l'idée que le monde se réduit à une marchandise!
• Et j'évoquerai au final sans rentrer dans le détail les effets de la construction européenne actuelle, essentiellement conçue comme un marché et absolument pas comme un ensemble politique, responsable devant les citoyens de l'Union; dans ces conditions, comment s'étonner que l'UE constitue un vecteur de choix pour permettre à l'OMC d'étendre son idéologie strictement marchande, et l'exemple de l'ouverture du capital des services publics français, qui prolonge les accords signés à Doha en novembre 2001 en matière de commercialisation des services (AGCS) ne fait qu'illustrer mon propos sur ce sujet!
Voilà jusqu'où s'insinue la mondialisation: mondialisation du commerce, transformation de tout ou de presque tout en marchandise, mondialisation, du vivant, de la culture et, enfin, des esprits, et ceci, au départ, grâce la syntaxe politique du néo-libéralisme économico-politique, en face de laquelle il n'existe aucune autre syntaxe politique!

Car, en effet, en face de ce néo-libéralisme désormais mondialisé, les autres "politiques" ne pèsent pas lourd: leur originalité économique et politique est parfois difficilement perceptible dans la mesure où leur pratique n'est pas exempte d'emprunts bâtards; ainsi, les derniers bastions du communisme (Cuba, Vietnam, Chine …) ne rêvent que d'un objectif: s'intégrer dans la société de marché et, à cet égard, un événement symbolique est intervenu lors du dernier sommet de Doha en novembre 2001: la Chine a été admise dans l'Organisation Mondiale du Commerce, qui est le symbole en acte de la mondialisation néo-libérale!
Quant aux "socio-démocrates européens", même s'ils critiquent le néo-libéralisme économique et s'ils conduisent des politiques introduisant des pratiques sociales étrangères au néo-libéralisme (diminution du temps de travail, par exemple), ils lui empruntent des pans entiers de pratiques économiques, tels que les baisses d'impôts sur les revenus, la diminution des charges sociales sur les bas salaires, l'ouverture du capital des services publics, qui, inévitablement, conduiront ces derniers à la privatisation, ou encore l'encouragement à la capitalisation pour une retraite dite complémentaire, pour ne citer que quelques exemples … alors que tout ceci se retrouve, à un degré plus ou moins grand de convergence et de similitude, dans la syntaxe économico-politique du consensus de Washington et même dans les Plans d'ajustement structuraux ou les plans de rigueur imposés aux pays souhaitant emprunter au fonds Monétaire International! Aujourd'hui, parce que très seuls sur la scène internationale et donc en difficulté pour résister aux effets ou aux pressions des forces économiques dominantes, les socio-démocrates contribuent au fonctionnement des institutions mondiales de la "société de marché" (OMC, FMI, G8 et banque mondiale ), alors que ces organes appliquent des procédures directement en phase avec les principes mêmes d'un néo-libéralisme sans entraves sociales ou environnementales pour le marché ! La condamnation du néo-libéralisme et de ses œuvres, reste dès lors très largement théorique et peu efficiente; et, au delà d'une conjoncture qui, manœuvrée autrement, aurait pu permettre d'éviter notre échec, notre défaite du 21 avril est l'expression même des contradictions qu'intuitivement un électorat de gauche ressent et désapprouve! La logique des mesures originales prises n'étant pas conduite à son terme, leur efficience est fragile: ainsi, comment diminuer le temps de travail sans perte de salaire sans poser le principe du partage des gains de productivité entre capital et travail? Or chacun sait bien qu'aujourd'hui le partage des gains de productivité entre capital et travail n'est pas considéré comme allant de soi, le capital considérant de moins en moins le travail comme source de valeur alors qu'il n'est lui-même que du travail accumulé! Dès lors, il était prévisible que le manque à gagner du capital lié à la diminution du travail tendrait à être récupéré! D'où une plus grande flexibilité du travail permettant des organisations plus rentables; d'où aussi la diminution ou la suppression des heures supplémentaires ayant une incidence non négligeable pour les salariés les plus modestes! Il fallait donc engager des dispositions compensatoires, mais certains arbitrages sur le montant des cotisations patronales à modifier dans ce but n'ont pas été favorables à cette prise en compte de ce risque et de cette difficulté!

Toujours est-il qu'entrer peu ou prou dans la logique néo-libérale portée par la mondialisation, c'est accepter les fins, où sa syntaxe nous conduit, à savoir la diminution de la rétribution du travail et l'augmentation du profit du capital! Et cette logique passe par des paliers entièrement connectés entre eux à l'échelle mondiale dans les sociétés transnationales; ces paliers s'enchaînent comme suit: augmentation des profits, diminution des charges du capital, strict maintien du montant des salaires, réduction des impôts puis, peu à peu, disparition des services publics et donc de la capacité des Etats à effectuer des transferts sociaux … Si nous arrivions à ce terme, alors, l'ensemble des acquis antérieurs de deux siècles de lutte ouvrière aurait pratiquement disparu! Telle est pourtant la voie où nous conduit la mondialisation libérale!

Alors, comment s'en sortir si ce n'est en reconstituant une autre syntaxe économico-politique que celle des néo-libéraux?

C'est cela l'objet du travail d'ATTAC , plus particuliérement présenté lors du rassemblement du Zénith du 19 janvier 2002:

19 Janvier 2002: Attac provoque le rassemblement de plus de 6000 de ses adhérents venus de toute la France dans la salle du Zénith à Paris, porte de Pantin! Pour raisons de sécurité, 1000 militants supplémentaires ne peuvent rentrer dans la salle de spectacle! Pourquoi ce rassemblement? Pour faire passer ce message aux candidats aux futures élections législatives et présidentielles:
"Nous ne présenterons aucun candidat portant le sigle ATTAC et nous ne donnerons aucune consigne de vote!
Mais, depuis 3 ans, nous avons réfléchi, agi et travaillé; et voici les conclusions auxquelles nous sommes parvenus!
Et de citer les principaux points de la synthèse des revendications du mouvement ATTAC:
• Revaloriser la rémunération du travail face à celle du capital. Tendre vers le plein emploi en réduisant le temps de travail.
• Défendre les services publics, garants d'égalité d'accès et dont les activités doivent échapper aux impératifs de rentabilité financière immédiate, notamment l'éducation.
• Baisser la TVA, impôt "injuste", au profit des impôts progressifs, comme l'ISF. taxer davantage les revenus financiers et les entreprises qui abusent des emplois précaires. Instaurer une zone Tobin en Europe.
• Instaurer des écotaxes, se réapproprier la gestion de l'eau, interdire le brevetage sur le vivant.
• Elargir l'exception culturelle française à l'Union européenne.
• Défendre le régime de retraite par répartition face aux fonds de pension!
• Soutenir l'économie sociale et solidaire.
• Contrôler démocratiquement les positions adoptées par le gouvernement français au sein des instituions internationales (OMC, FMI …etc)

Tout ceci va bien sûr dans le sens d'un encouragement au développement et au développement durable, sur lequel l'on peut s'interroger à partir de cette série de questions:
une série de questions qui tracent des pistes pour mettre en oeuvre ce développement durable:
- Comment assurer et dépasser le développement sans gâchis humain et naturel?
- Comment instaurer d'autres rapports sociaux par la démocratie?
- Comment être écologiste tout en assumant la modernité, ce qui implique à la fois de rompre avec le mythe prométhéen d'une croissance continue mais destructrice et avec celui du bon sauvage?
- Comment progressivement cesser de produire plus et essayer de produire mieux avec moins, et peut-être un jour produire moins pour mieux, en sachant qu'aujourd'hui l'on sait que, si l'objectif reste de toujours produire davantage, il n'y aurait jamais assez de tout!

C'est sur ces points qu'ATTAC-France et ses quelques 250 comités locaux et les quelques 50 Attac mondiaux travaillent et c'est sur ces points que je vous invite à poursuivre notre réflexion de ce soir!




En réintroduisant l'homme et l'environnement dans les débats militants, Attac manifeste donc vraiment ses préoccupations citoyennes. Notre mouvement n'exclut nullement la mondialisation et nous presse à penser que c'est grâce à la mondialisation des solutions que l'on fera progresser la mondialisation dans les comportements et dans les esprits! En ce sens, plus notre action sera mondiale avec des solutions mondiales, plus elle répondra aux enjeux des défis qui nous sont proposés, essentiellement au niveau du développement des peuples, avec la préoccupation d'un développement soutenable!

Nous pouvons donc maintenant répondre à ma question posée au départ: ATTAC n'est pas un mouvement antimondialiste mais altermondialiste!

Et nous vous invitons à le rejoindre!

Texte présenté en 2003

Albert Richez,
Ex-Président d'ATTAC-Artois

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