dimanche 17 février 2008

participation à Charte de Gauche Avenir

L’UNITE de toute la Gauche est nécessaire si elle veut réussir à proposer une alternative crédible. Dire qu’on refuse l’alliance avec le Centre ne suffit pas. L’UNITE ne peut qu’être fondée sur le refus du cours politique actuel, néo-libéral, de la globalisation mondiale; pas de changement possible et de recherche idéologique fondatrice sans ce refus dans l’UNITE. Mais ceci ne suffit pas : il faut proposer une alternative. Et, dans cette recherche idéologique fondatrice, l’on ne peut dissocier le « Mondial » du « Local ». Notre démarche doit aussi s’afficher comme nécessairement « démocratique », ce qui n’est pas contraire au changement radical à engager. La racine de nos valeurs (ce qui vaut pour tous les humains d’aujourd’hui et de demain), s’enracinent dans la solidarité de tous pour le développement de tous, à l’interne du continent européen comme sur toute la surface de la planète .

Ceci m’amène à préciser certains points :
• Evaluation et Valeurs (1)
• Démarche : Démocratie et « Citoyennisation » (2)
• Mondialisation et Europe, mitage du capitalisme, remise en cause du mythe de la croissance (3)
• Politique intérieure (4)
• Domaines d’action prioritaires et sens : Information ; Objectifs de l’Ecole (5)
• Alliances (6)

(1) Il convient, d’abord, d’évaluer les effets des politiques mondiales, qui sont les mêmes partout, puisque toutes résultent de l'application du Consensus de Washington, véritable idéologie néo-libérale économique résultant des conclusions de « l’école de Chicago ». L’on s’apercevra alors qu’elles transforment toute réalité, tout produit issu de la nature ou de l’ingénierie humaine en marchandise, quels qu’en soient les effets sur l’humanité, largement négatifs pour l’immense majorité des humains. Or, ce qui « vaut », c’est ce qui correspond au bien du plus grand nombre. Il existe des Biens Communs Mondiaux ; sans eux, pas de développement possible. Ces Biens doivent être garantis à tous par les puissances politiques résultant des expressions démocratiques de tous. Il y a donc des biens matériels (eau, énergies, souveraineté alimentaire, santé, développement, biodiversité …) et citoyens (démocratie,instruction, information, culture…). Pas de valeur qui ne passe par le droit de tous de disposer de ces biens. Ceci passe par l’établissement de Services Publics établis sur des bases d’égalité, de liberté et de fraternité ; la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est le garant de la valeur de ces biens et de ces services ; et si ces derniers ont un coût, la péréquation de leur prix est un moyen de les rendre égaux pour tous; leur prix n’est pas marchand mais doit relever de la décision politique.
(2) Toute atteinte aux droits de l’homme est une violence. Notre démarche, démocratique, exclut cette violence. D’où la nécessité d’affirmer que des organes politiques garantissant la paix dans tous les pays et entre les pays doivent disposer des moyens leur permettant d’agir avec le consentement des ETATS, qui définissent les actions à conduire pour le Développement et la Paix, et ce à partir de décisions collectives prises démocratiquement à égalité de pouvoir pour chaque Etat. Ceci signifie la réforme d’un certain nombre d’institutions internationales, soit politiques (ONU …), soit financières (Banque Mondiale, Banques Centrales, FMI, clubs divers …), soit commerciales (OMC), qui servent de fait à mettre en œuvre le Consensus de Washington. Ceci ne signifie pas la fin de toute régulation, bien au contraire, mais la soumission des coordinations nécessaires à la gouvernance politique démocratique. Et, comme tous les Etats ne sont pas démocratiques, il convient d’engager des démarches collectives permettant, pacifiquement mais fermement, de provoquer les transitions nécessaires des Etats dictatoriaux vers des Etats régis par des procédures démocratiques (démarches diplomatiques mais, aussi, si elles ne parviennent pas à leur fin, gels des avoirs bancaires, boycott commercial, par exemple …). Précisons aussi, pour la vie politique interne, que la pratique démocratique ne se limite pas aux périodes électorales, mais qu’elle doit s’étendre à toutes les fonctions de la vie sociale (séparation totale des 3 pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, dans l’entreprise pour tous les salariés, avec des gestions tripartites dans les Services Publics : Etat, citoyens, travailleurs du service considéré, avec l’assistance juridique gratuite pour les nécessiteux, par exemple…) A cet égard, des organismes comme les outils de communication (ex des chaînes de TV) ou de protection sociale (Sécurité Sociale) doivent être extraites du secteur marchand et gérées de manière tripartite (usagers, Etat, travailleurs du secteur). Des débats sur des sujets citoyens doivent pouvoir être organisés (conférences de citoyens …), à l’initiative d’un quota de citoyens à définir (référendums d’initiatives citoyenne). Tout mandat d’élu doit faire l’objet de contrôles citoyens. Ces mandats doivent être strictement limités, en nombre de fonctions (au maximum 1 mandat local et 1 mandat national ou européen). La parité « Hommes-Femmes » doit être établie dans des délais les plus courts grâce à l’établissement d’un statut de l’élu, le libérant de charges et de risques, qui rendent impossibles certains engagements.
(3) Le « nouveau » capitalisme, à dominance financière (d’où l’appellation de néo-libéralisme économique), est à l’origine de l’état actuel des tensions guerrières dans le monde et de la remise en cause de l’équilibre écologique de la planète, dans la mesure où il n’est que marchand ; tout au plus, ce capitalisme là encourage t’il certaines actions humanitaires, réduit à du caritatif qui ne remet pas en cause son pouvoir politique. L’illustration du fonctionnement des institutions néo-libérales (OMC, FMI …), qui a comme principe 1° « une libre concurrence » toujours plus avancée, démontre à lui seul que ce système économique n’est pas compatible avec l’autonomie d’Etats démocratiques, libres et autonomes. Ce ne sont pas les Etats qui doivent être soumis à ces organismes et à tout organe technique mais ce sont ces organismes, qui doivent être soumis à leur pouvoir démocratique. Une Gauche renouvelée ne peut donc faire aucune concession aux principes du capitalisme. Elle doit les combattre constamment, y compris en encourageant tout système économique dit « alternatif », tel que commerce équitable, coopératives ouvrières autogérées … qui permettra de le miter. Des encouragements publics à ce type de structure doivent être engagés. Si l’on veut définir des principes d’action, il convient de se référer aux propositions suivantes : « (1) s’approprier comme étant « politique » ce qui, dans l’économie, est décrété aujourd’hui purement économique ; ainsi, le partage du temps de travail ou les retraites ne sont pas qu’une question économique ; ce sont des conditions pour « disposer d’un Temps pour la politique ». (2) politiser dans l’économie ce qui est indispensable à la politique pour agir sur le social ; ainsi, en s’interrogeant sur le « Que produire ? », l’on est amené à se poser des questions sur la nécessité de biens ou de services, qui permettent la réalisation de la démocratie ; et l’on s’aperçoit alors que ces biens et services doivent être produits pour que tous y aient accès dans les mêmes conditions » (réf sur ces sujets à l’ouvrage de Patrick Braibant : « Lettre eux anticapitalistes (et aux autres) », éditions L’Harmattan). C’est ainsi que la démocratie prendra le pas sur « l’économisme » du capitalisme. Pour parvenir à ces fins, il est nécessaire de s’appuyer sur une autre construction européenne, qui tourne le dos au TME, et ce à partir d’une Constituante résultant de la consultation et du vote référendaire des peuples européens ; parmi les points clés à inscrire dans ce texte, il convient de noter : séparation des 3 pouvoirs, restitution du rôle entier du Parlement, remise en cause du principe de la concurrence libre et non faussée, soumission de la BCE aux pouvoirs politiques, vrai budget qui permette une aide significative aux nouveaux entrants pour permettre leur développement, vraie Charte sociale, harmonisation des droits sociaux et des fiscalités, redéfinition de services publics « péréqués »…. Il conviendrait aussi ici de rompre avec le mythe d’une économie de la croissance, contradictoire avec la défense de la planète ; des thèses comme celles de Amartya Sen, mettant en exergue les valeurs de Développement global dans la justice et la liberté de tous, devraient présider à la définition d’une économie alternative au « tout croissance » incompatible avec le Développement et la Paix.
(4) C’est sur ces fondements que doit être pensée la politique intérieure de la France, car le Global détermine le Local ; il est évident en effet qu’AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services) et Directive Bolkestein ou arrêt Vaxholm correspondent à la même philosophie politique de type libéral ; en conséquence, conditions de travail avec code protégeant les travailleurs et permettant un retour véritable à la valeur « travail » en termes de rémunération comme de protection sociale pourront être appliqués en faveur du Travail dès lors que des positions claires seront arrêtées et appliquées au niveau du Global. Les politiques de logement, d’urbanisme, de sécurité dans les zones sensibles destinées à être corrigées par une meilleure mixité sociale, la lutte contre le chômage par une diminution véritable et généralisée du Temps de travail, une autre approche du système de financement des retraites, une véritable politique industrielle à l’échelle de l’Europe, tous ces points deviennent des éléments de déclinaison d’une politique économique Globale au niveau du Monde et de l’Europe ; doivent être mis en place des systèmes de protection des travailleurs et de rétorsion pour les représentants du Capital qui ne jouent pas le jeu de la citoyenneté et des valeurs qui seraient instituées. Je ne m’étendrais pas sur ces points qui découlent de ce qui précède.
(5) Néanmoins, des politiques prioritaires doivent faire l’objet de toute notre attention ; elles concernent l’information et l’éducation. En effet, les citoyens sont, actuellement, ou non informés ou contre informés par des systèmes d’information sous influence ou financière ou politique. Un seul pouvoir doit présider à la définition des orientations de l’information : une gestion tripartite par l’Etat, les usagers et les travailleurs de l’information ; exit donc tous les responsables, qui ne se plieraient pas aux décisions de ces instances tripartites, l’objectif étant de rendre l’information complète et la plus impartiale possible ; c’est à partir de là qu’un pouvoir citoyen pourra vraiment s’exercer en toute lucidité. L’Ecole doit, parallèlement,être refondée, sa mission première étant de préparer des citoyens instruits et partageant les valeurs de la République ; exit donc la kyrielle de réformes purement techniques visant à en faire un maillon de la chaîne de l’exploitation des travailleurs par le Capital selon les principes définis à Lisbonne en 2000 (l’Europe de la performance). Et l’on ne doit pas exclure que, sur le plan de l’engagement citoyen, un Service Civil correctement encadré, qui remplace le Service Militaire, soit organisé pour tous les jeunes d’une classe d’âge, les préparant d’abord à partager concrètement des valeurs citoyennes (celles de la République) et leur donnant les bases d’un apprentissage ayant pour objet de mettre en place une défense assurée par la totalité de la Nation entraînée régulièrement aux exercices de la Défense Nationale.
(6) Dans l’Europe (et non l’Union européenne, appellation qui faut référence à un modèle économique plus que citoyen), les représentants politiques de notre pays doivent agir pour qu’un changement d’alliances se dessine au niveau mondial du fait de la priorité rendue à la coopération et au développement ; l’Europe doit sortir de l’OTAN et exclure toute idée de Zone de Libre Echange Transatlantique ; la coopération étant à la base de nos relations avec les autres pays, il est clair que les objectifs du sommet du Millénaire doivent être appliqués (0,7% des PIB), que les dettes des pays du Sud doivent être effacées, que les relations officielles avec les dictatures néo colonialistes doivent faire l’objet de transformation radicale pour encourager les peuples des pays victimes de ces régimes à s’en libérer pour accéder à la démocratie et au développement. Ces orientations et ces principes doivent déterminer nos alliances privilégiées avec les pays du sud peu développés et une prise de distance progressive avec les EU d’Amérique, en tant que berceau du libéralisme et de politiques « impériales » à son service ; la question d’une défense européenne forte et indépendante de l’OTAN est, par là-même posée.